...l’eau de la noix de coco
...la canne à sucre
... les betteraves nature
... le saindoux en tartines
Cric ! Crac ! Tim Tim bois chèche ! Le rituel d’ouverture du « tiré conte » est lancé. Cap Haïtien de mon enfance : dans la maison, dans les cours extérieures, celles et ceux qui n’ont pas trouvé de chaise s’assoient là où il peuvent, souvent à même le sol. Dans la chaude soirée qui tombe vite, la ronde des contes débute. Femmes, hommes, jeunes, vieux, chacun participe à la joute oratoire. Il est souvent question d’animaux, de ruse, de festins, de tyrans et de trésors. Ici, comme dans la vie, le plus malin sort son épingle du jeu. A moins que… Parfois des devinettes pimentent l’assemblée qui, enthousiaste, se pique au jeu. Une seule règle, sans doute vestige de la parole confisquée du temps de l’esclavage, s’applique aux veillées : on ne conte que la nuit tombée. Mais qu’elle est belle ! Mon identité créole me permet de perpétuer ce que j’ai vécu dès mon plus jeune âge. Dans mon activité de conteuse, j’apprécie la spontanéité. Adapter une histoire au lieu, au public, à l’ambiance du moment est un de mes défis favoris. Mon alchimie préférée se situe dans un mélange de comique et de fantastique où le public se prend à apporter une part active.
